Mon pays est enfin libéré de la dictature. Désormais, il ne faut plus avoir peur. Oui ! Il ne faut plus avoir peur de dire la vérité. Nous sommes trop nombreux et unis pour que l’on puisse encore nous dicter notre conduite. Les mensonges qu’on nous a servi pendant des années sont une insulte à l’éducation et à l’intelligence des tunisiens. On ne pourra plus, dorénavant, leur faire avaler ce genre d’inepties.
La liberté est vitale. Et je dirai que la liberté d’expression est la forme suprême de la liberté.
Étant Franco-Tunisien, j’ai eu la chance de pouvoir grandir en France et de pouvoir être libre de mes actes et de mes pensées tout en passant toutes mes vacances d’été en Tunisie pour garder le contact avec mon pays d’origine et ma famille. J’ai pu noter dès mon jeune âge cette atmosphère étouffante malgré la beauté de ce pays et les progrès qui y étaient réalisés. J’avais et j’ai toujours eu le choix de vivre en France ou en Tunisie mais j’ai choisi de venir vivre en Tunisie en 2008 et de créer mon entreprise ici. Je croyais et je crois aujourd’hui encore plus, à la jeunesse de ce pays. Nous éviterons le débat inutile sur le «tu préfères la France ou la Tunisie ? ». Je suis très attaché aussi bien à la France qu’à la Tunisie. Ne me demandez pas de choisir entre ma mère et mon père…
Depuis le 14 Janvier 2011, la Tunisie a changé. Avant dans les cafés de quartier nous n’entendions parler que de foot et aujourd’hui, nous n’entendons parler que de politique. Preuve que nous, peuple tunisiens sommes capables de nous adapter très rapidement à la situation politique du pays.
Aujourd’hui, il va falloir que chaque tunisien prennent sa part de la responsabilité que nous avons envers ce pays, pour faire honneur aux nombreuses victimes de cette révolution mais également pour préparer l’avenir. La Tunisie a été infectée et dénaturée par le monopole de deux familles qui détenaient plus de 40% de l’économie du pays.
Il faudra que l’État s’explique sur le fait qu’une société telle que Tunisiana, une des sociétés les plus saine économiquement dans notre pays, n’a pas pu bénéficier de la 3G au même titre qu’Orange et Tunisie Telecom, malgré ses arguments commerciaux et financiers. L’ouverture à la concurrence n’aurait été que bénéfique pour l’économie du pays et pour le consommateur. Il faudra d’ailleurs que cette question soit rapidement à l’ordre du jour au ministère des nouvelles technologies, car c’est une nouvelle opportunité pour l’opérateur, mais également pour les fournisseurs de contenu de créer de nouveaux services à valeurs ajoutées. Cela créera indéniablement de l’emploi dans notre pays.
Maintenant il va falloir accepter les résultats d’une élection équitable qui aura lieu, nous l’espérons tous, dans les six mois, comme l’a promis le gouvernement provisoire. Tout le monde n’est pas pro Sarkozy en France, mais la France continue à vivre en paix. Il faut donc rester raisonnable sur nos revendications.
Il ne faut pas non plus oublier les bonnes réformes qui ont été réalisées par certains technocrates de l’ancien régime et qui touchent à l’exportation, aux investissements étrangers ou encore aux TICS.
Maintenant, revenons à la révolution technologique qui est loin d’être gagnée. Tous les sites en Tunisie ne sont pas consultables. On nous explique que certains sites seraient interdits, car contraire aux bonnes mœurs.
Je ne suis pas d’accord avec cela.
Beaucoup de choses sont contraires aux bonnes mœurs et à la religion musulmane et sont totalement légales dans notre pays. Fumer, boire de l’alcool, fréquenter des boîtes de nuit… Il faut cesser cette hypocrisie.
Un musulman, un chrétien, un juif, un bouddhiste ou un athée doivent pouvoir vivre librement dans notre pays tout en respectant les autres. L’état doit être séparé de toute religion, même si, la tradition veut que la Tunisie soit un pays majoritairement musulman. Ce n’est pas le rôle de l’État de savoir si un contenu est contraire ou non aux bonnes mœurs et de le bloquer. Ce qui est contraire aux bonnes mœurs d’un musulman ne le sera pas pour un athée. Chaque citoyen est capable de savoir ce qu’il veut ou non consulter sur internet. Il faut cependant, à partir d’un cadre strict et lorsque cela est possible, couper l’accès à des sites pédophiles déclarés, qui eux sont un véritable danger pour toutes les communautés, qu’elles que soient. Les sites racistes qui incitent à la haine raciale ou incitent à l’extermination d’une communauté sont également des dangers qu’il faut condamner. N’oublions pas que chaque site internet publié à une responsabilité sur le contenu qu’il publie. Il faut d’ailleurs pouvoir mettre en place un système d’alerte des citoyens pour signaler ce type de site à un conseil supérieur qui pourrait contrecarrer ce genre de dérives. Pour le reste, il existe des filtres parentaux qui peuvent être mis à disposition des parents souhaitant protéger leurs enfants des dangers de l’internet par les FAI pour éviter toute dérive.
Enfin, je garde mon optimisme intact pour ce beau pays qui est le mien. Aucun extrémisme religieux ou politique ne pourra duper les tunisiens tant que la flamme reste allumée et tant qu’ils tireront la leçon des erreurs du passé.
Fier d’être tunisien !
Jalele ACHOUR